Et si les maths faisaient voir les résultats des élections différemment ?

Après les élections européennes, les médias ont accumulé les sujets d’analyse sur les résultats, utilisant les chiffres des sondages pour comprendre le vote des français. Sauf qu’à analyser trop vite, on peut faire dire tout et surtout n’importe quoi aux chiffres… L’occasion peut-être de faire une séance en classe dans le cadre de l’éducation à citoyenneté.

La plupart du temps, les résultats des élections sont donnés sous forme de pourcentages. C’est parlant mais les journalistes qui analysent ces résultats oublient souvent que pour bien lire un pourcentage il faut regarder la population à laquelle il se rapporte. Surtout si on le compare à un autre pourcentage. Prenons par exemple les données du sondage IPSOS réalisé la veille du scrutin. C’est sur ce sondage que s’appuient les explications données dans les médias, comme par exemple la très riche infographie du Nouvel Observateur.

Un vote FN plus important chez les plus de 60 ans que chez les jeunes

Ce sondage porte sur les intentions de vote. Il indique que 30 % des moins de 35 ans et 21 % des plus de 60 ans comptent voter Front National. Conclusion lue dans les médias : « le FN cartonne chez les jeunes ». Sauf qu’il convient de pondérer ces résultats au regard de la participation : si 60 % des 60 ans et plus ont déclaré aller voter, seulement 27 % des moins de 35 ans ont fait de même. Autrement dit, on peut estimer que 30 % de 27 % des moins de 35 ans ont réellement voté front national. Une multiplication simple nous indique donc que 8,1 % des moins de 35 ans ont fait ce choix. Le même calcul chez les 60 ans et plus (21 % de 60 %) permet de dire que 12,6 % de cette catégorie d’âge a voté front national. La conclusion apparaît alors fort différente : ce sont même les jeunes qui ont le moins voté FN (11,07 % pour les 35 à 59 ans).

L’écart entre les chômeurs et les salariés gommé

On observe le même type de phénomène sur le statut des votants FN : 37 % de chômeur contre seulement 27 % des salariés. Mais compte tenu de la participation les résultats sont très proches : 11,47 % de votes FN chez les chômeurs et 10,26 % chez les salariés.

Le niveau d’étude reste un élément majeur

En revanche, la participation ne modifie pas les résultats en ce qui concerne le niveau d’étude des électeurs frontistes : 15,17 % des votants FN ont un niveau inférieur au Bac. Et plus le niveau d’étude augmente, plus le vote FN diminue : 11,7 % ont un Bac, 8,8 % un Bac + 2 et 5,72 % au moins un Bac + 3.

Infographie du Nouvel Observateur

Analyse IPSOS

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